Le cauchemar des hommes

Comme on l'a dit, les méchantes de Disney dominent les hommes ou ont des hommes à leur service. La reine de Blanche-Neige a le chasseur sous ses ordres, et Maléfique, dans La belle au bois dormant, une armée de sous-fifres. Disney met ainsi en scène une galerie de femmes qui tyrannisent leurs hommes : la Reine de c½ur, dans Alice au pays des merveilles, écrase le Roi de sa présence ; Cruella mène la vie dure à Jasper et Horace dans Les 101 dalmatiens ; Médusa traite Snoops comme un larbin dans Les Aventures de Bernard et Bianca, sans manquer une seule occasion de l'humilier ou de l'insulter ; sans parler du comportement d'Yzma avec Kronk dans Kuzco l'empereur mégalo.
Parce qu'elles ont du pouvoir et qu'elles l'exercent sur les hommes, ces femmes vont trop loin, et Disney nous le rappelle en les présentant systématiquement comme des incarnations du mal. Dans cet esprit, le studio atteint son apogée dans La petite sirène avec la création du personnage d'Ursula. Celle-ci ne cherche pas seulement le pouvoir, mais plus exactement à écraser le Roi Triton, figure masculine toute puissante et bienveillante, parce que celui-ci l'a un jour exclue de sa cour. Disney fantasme donc ici un personnage féminin dont le seul but est l'émasculation des hommes. Dans ce délire anti-féministe, le studio donne ainsi naissance à la figure de méchante la plus diabolique de son histoire.
Ursula la castratrice : « Je veux qu'il souffre l'enfer ! Je veux le voir se tortiller comme un ver à l'hameçon ! »
Au niveau des moyens déployés pour arriver à leurs fins, les méchantes représentent là aussi une menace pour le pouvoir masculin. En effet, si elles recourent volontiers à des armes traditionnellement féminines (poison, ruse ou séduction par exemple), elles empiètent également sur le territoire des hommes en usant de la force et de l'intimidation, armes masculines par excellence. Leurs transformation lors des combats frontaux qu'elles livrent avec les hommes sont en ce sens significatives : Maléfique se transforme en dragon face au prince Philippe, Mme Mim finit elle aussi par se métamorphoser en dragon dans son duel avec Merlin, et Ursula prend tout simplement des proportions gigantesques à la fin de La petite sirène.
Leur volonté d'usurper le pouvoir masculin est aussi illustrée par leur réappropriation de pratiques traditionnellement réservées aux hommes. Elles conduisent agressivement (comme Médusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca, ou encore Cruella dans Les 101 dalmatiens), elles fument (Cruella), tirent à la carabine (Médusa), etc.
Les usurpatrices du pouvoir masculin
Pour toutes ces raisons, et parce que, au final, elles possèdent ou cherchent à obtenir un pouvoir sur les hommes, ces femmes sont une menace pour l'ordre patriarcal. Disney les représente donc comme des créatures diaboliques, des monstres.
Les usurpatrices du pouvoir masculin