
Dans l'univers manichéen de Disney, le bien et le mal sont facilement identifiables, généralement incarnés respectivement par le héros ou l'héroïne d'un côté, et le méchant ou la méchante de l'autre. Les enfants apprennent ainsi très rapidement ce qu'il convient d'aimer et de haïr, ce qu'il faut devenir et ce qu'il faut au contraire absolument éviter d'être. A force de visionnages et de re-visionnages, ils/elles intègrent de la sorte les normes véhiculées par le studio avec une redoutable efficacité. Or si, dans cet apprentissage, les héros/héroïnes ont une place privilégiée puisque c'est avec eux/elles que l'identification et le mimétisme fonctionnent le plus, les méchant-e-s ont également un rôle important même si uniquement négatif : ils/elles servent de repoussoir, incarnant non seulement ce dont il faut avoir peur, mais aussi ce qu'il faut mépriser et donc ne surtout pas devenir dans sa vie.

Loin de n'être que des déclinaisons quasi-identiques d'un même modèle, les méchant-e-s différent au contraire parfois beaucoup les un-e-s des autres. Plus exactement, ils/elles se distinguent principalement selon leur sexe. En effet, comme on va le voir, la nature diabolique de ce personnage s'exprime de manière totalement différente suivant si l'on a affaire à une méchante ou à un méchant. Pour synthétiser (et en caricaturant un peu), on peut dire que les méchants sont le plus souvent des hommes faibles, efféminés, alors que les méchantes sont au contraire des femmes fortes et dominatrices. Dans tous les cas, ces personnages constituent donc des écarts par rapport à la norme sexiste qui veut que les hommes soient puissants et virils, et les femmes belles, jeunes, dépendantes et soumises à un homme. Certes, les méchants sont parfois caractérisés par leur appartenance ethnique ou de classe plus que par leur sexe. Mais dans l'immense majorité des cas (et dans tous les cas pour les méchantes), le sexe est le paramètre essentiel. C'est pourquoi nous étudierons séparément méchantes et méchants, afin de tenter de dégager quels modèles de masculinité et de féminité Disney nous enjoint de mépriser à longueur de films.

dion-angelil, Posté le mercredi 10 février 2016 05:26
C'eux sont de vrai méchants.